samedi 13 septembre 2014

Historique de la neuropsychologie

Brèves

La neuropsychologie est une discipline scientifique (logie) qui s'intéresse au lien entre le système nerveux (neuro) et la pensée, l'esprit (psycho). Elle s'intéresse aux fonctions mentales supérieures (pensée) dans leurs rapports avec les structures cérébrales, aussi bien au fonctionnement normal que pathologique.

La neuropsychologie fait appel à :
1. La neurologie
2. La psychologie
3. La psychiatrie

Dans le cerveau :
100 000 000 000 de neurones.
Et 100 milliards de milliards de synapses.

Au sein du cerveau, des aires cérébrales ont été identifiées comme jouant un rôle dans certaines tâches.




Préhistoire

Au Néolithique/Mésolithique (-9000 ans à -3000 ans), on situait le siège de la pensée dans le crâne.

 On a retrouvé des crânes qui ont fait l'objet de trépanation (chirurgie ancienne qui consiste à faire un trou dans le crâne).


Égypte

On a retrouvé dans les papyrus d'Edwin Smith — le plus ancien document au monde traitant de chirurgie —des hiéroglyphes suggérant qu'à l'époque (-3000 ans avant J.C) une conception de l'âme et des dommages au cerveau étaient présents. 

Edwin Smith rapporte 48 études de cas de patients avec des blessures à la tête, au cou, etc. dont 27 cas de blessures à la tête.

Il semblerait qu'il avait fait des liens notamment entre des blessures à la tête et la perte du langage. 

Ce hiéroglyphe semblerait être le premier nom propre rattaché au cerveau :



Grèce

Le philosophe Aristote (384 - 322 av. JC) situait les capacités mentales non dans la tête mais dans le coeur.

La médecin Hippocrate (460 - 377 av. JC) quand à lui considérait le cerveau comme le siège de l'intelligence.



Il le rendait responsable du contrôle du comportement :


“Non seulement notre plaisir, notre joie et notre rire mais aussi nos chagrins, douleurs, peines et pleurs sont issus du cerveau et du cerveau uniquement. C'est par lui que nous pensons et comprenons, voyons et entendons et avec lequel nous faisons une distinction entre le laid et le beau, entre ce qui est agréable et ce qui est désagréable et entre le bien et le mal.”

La phrénologie

La phrénélogie est une théorie soutenue par l'anatomiste Franz Joseph Gall (1757 - 1828). Elle considère que les bosses du crâne reflète une faculté mentale. Du matériel consistant à mesurer les bosses avaient été développées.

L'idée de la "bosse des mathématiques" provient de cette théorie.



La théorie est erronée à cause des méthodes employées qui étaient biaisées. En outre, on sait aujourd'hui qu'il n'y a pas de correspondance directe entre l'anatomie et la fonction. Au contraire, il y a différentes parties du cerveau qui sont impliquées dans les fonctions cognitives et comportementales. Cette théorie est tout de même la première à proposer une localisation aux différentes fonctions du cerveau.

Par la suite, le courant localisationniste considère qu'il y a un lien direct entre une localisation cérébrale et une fonction cognitive. Dans ce courant de pensée, chaque partie du cerveau est responsable d'une fonction particulière.

Les limites de ce courant de pensée résident dans la correspondance directe (nombreuses études suggèrent qu'un ensemble d'aires cérébrales participent à une même fonction). Une autre limite est la grande variabilité inter-personnelle, dans l'étude des lésions et de leurs effets. 

Pour Hughlings Jackson, il y a une différence entre la localisation des symptômes et la localisation des fonctions.

La conception holistique

L'holistique est une doctrine qui considère les phénomènes comme des totalités.

Jean Marie Flourens (1794 - 1867), un médecin et biologiste français qui joua un grand rôle dans le développement de l'anesthésie, pensait que c'était l'ensemble du cerveau qui était impliqué dans les comportements, en vertu d'une équipotentialité cérébrale.

En effet, il pratiqua des lésions cérébrales chez des oiseaux et remarqua que la lésion d'aires cérébrales particulières ne provoquaient pas de troubles du comportements.

Flourens est considéré comme un des fondateurs des neurosciences expérimentales et s'attachait à employer des méthodes rigoureuses. Les neurosciences était pour lui une science empirique.

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Alors que Flourens considérait le cerveau comme une entité non-différencié, où chaques parties du cerveau seraient équivalentes. Nous savons aujourd'hui que la réalité est toute autre : cette théorie est rejetée.

L'aire de Broca

Paul Broca (1824-1880) était un médecin, anatomiste et anthropologue français. Il est un des premiers à établir une correspondance anatamo-clinique. En étudiant des patients aphasiques (pathologie affectant le langage), il découvrit le "centre de la parole", communément appelé "aire de Broca". Cette aire correspond au gyrus inféro-postérieur du lobe frontal gauche (pour la majorité des droitiers).


Broca a étudié notamment le patient Leborgne, victime d'un trouble du langage articulé et d'une hémiplégie droite. Monsieur Leborgne est également surnommé Monsieur Tan-tan car sa seule expression consistait à dire "Tan-tan". Ce n'est qu'une fois qu'il est mort que Broca a pu examiner son cerveau et localiser la région affectée.

Dans le cas d'une aphasie de Broca, la production du langage est déficitaire mais la compréhension est généralement préservée.

L'aire de Broca devient la première région cérébrales liée à une fonction précise.

L'aire de Wernicke

 Carl Wernicke (1848-1905) est un neurologue et psychiatre allemand. L'aire de Wernicke correspond au Gyrus temporal supérieur gauche, près du cortex auditif primaire.


L'aphasie de Wernicke, également appelé aphasie sensorielle ou réceptive est un trouble langagier affectant la compréhension du langage parlé ou écrit. La production est généralement préservée.

On retrouve donc les symptômes inverses des patients présentant une aphasie de Broca. Nous parlons alors de double dissociation qui suit ce type de schéma :



Deux régions corticales sont fonctionnellement dissociées par deux tests comportementaux, chaque épreuve étant affectée par une lésion dans une zone et non l'autre.

Le cas Phinéas Gage (1823-1860)

Phinéas Gage était un contremaître brillant des chemins de fer qui avait bonne réputation. Pendant ses fonctions, une barre de fer transperça son crâne (traumatisme cranio-cérébral sévère, lésion du cortex frontal ventromédian) mais il survit.


L'accident provoqua un changement radical de comportement : il devient anti-social.

Vous trouverez un résumé de ce cas sur ce lien.
Et davantage d'informations dans le livre d'Antonio Damasio, l'Erreur de Descartes.

Les aires de Brodmann

Korbinian Brodmann (1868-1918) est un neurologue et neurophysiologiste allemand. Il différencie 52 aires dans le cerveau en se basant sur la cytoarchitectonique (c'est-à-dire la densité, la taille des neurones et le nombre de couches observées sur des coupes histologiques).

Comme nous le voyons sur cette image, les aires de Brodmann correspondent globalement aux aires fonctionnelles.




Antonio
Damasio,
L'Erreur
de
Descartes,
Ed.
Odile

Wilder Penfield (1891-1976)

Neurochirurgien canadien qui fonda en 1934 l'Institut de Neurologie de Montréal. 
En 1950, il stimula électriquement le cortex pour détecter les foyers épileptogènes. La stimulation du lobe temporal donne lieu à l'apparition de souvenirs.

Penfield est aussi à l'origine de l'homonculus 



 Le cas HM (Henry Gustav Molaison)

Le patient souffrait de crises sévères d'épilepsie. Il se fait opérer en 1953 : les hippocampes, le gyrusparahyppocampiques et les amygdales lui sont retirés.

 A la suite de cette opération, il devint amnésique (rétrograde et antérograde). Ce patient fut notamment étudier par Brenda Milner.

Rétrograde: perte du matériel mémorisé avant le dommage cérébral
Antérograde : perte du matériel mémorisé après le dommage cérébral

Plus d'informations sur la page Wikipédia.


La difficulté à faire correspondance l'anatomie aux fonctions mentales réside dans l’inaccessibilité du cerveau. L'analyse post-mortem était alors beaucoup utilisée (ainsi que des chirurgies invasives). Mais nous verrons dans un prochain article les méthodes actuelles qui permettent de pallier (en partie) ces difficultés.
 

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